Autriche: Union nationale ou le calme avant la tempête

Compte tenu du confinement ordonné par le gouvernement il semblerait que la lutte des classes soit en somnolence. Mais de fait, sous la surface, quelque chose pourrait commencer à couver.

Der traurige 1. Mai 2020 in WienSi les limitations de voyages perdurent, la crise économique frappera l’Autriche pendant l’été plus durement que beaucoup d’autres États puisque l’économie du pays est très dépendante du tourisme. Le tourisme d’été n’a certes pas la même ampleur que celui d’hiver, mais compte tenu de la pandémie du COVID-19, la saison d’hiver s’est déjà terminée de manière prématurée. Il n’est donc pas étonnant que le taux de chômage explose littéralement dans les secteurs de l’hôtellerie, de la gastronomie et des manifestations culturelles. Le chômage global a augmenté de plus de la moitié pour atteindre 12,2% selon les calculs nationaux, ce qui est, pour l’Autriche, un chiffre énorme. De plus, environ 1,2 millions de personnes sont actuellement au chômage partiel et ce chiffre continue à augmenter. C’est plus d’un quart des salariés! En partie, des entreprises recourent à la fraude et les collègues doivent travailler à temps plein alors que leur temps de travail a été officiellement réduit jusqu’à 90%. Au mois de mai, le gouvernement, aux ordres des patrons, allègera progressivement les mesures pour combattre la pandémie, surtout dans le commerce, les services, la production et la gastronomie, bien qu’il ne soit pas certain du tout que les taux d’infections n’augmenteront pas à nouveau.

Cela bouillonne également dans le secteur privé des services sociaux et de la santé. Malgré une vague de grèves massives qui était en cours au début de la pandémie, sur la base d’un vote par internet sans possibilité de discussion collective, une offre patronale a été accepté qui est loin de satisfaire les revendications des salariés. Ainsi, à la place de la semaine de 35 heures qui était revendiquée, on introduit la semaine de 37 heures. Et ceci en 2022 seulement. Il s’agit d’une réduction du temps de travail ridicule, d’une seule heure. Et en plus sans la compensation complète en termes d’embauches, pourtant réclamée, et dans le cadre d’un accord conclu pour trois ans qui pourrait museler la branche la plus combative du pays pendant une longue période. Pour marquer leur opposition, plusieurs entreprises ont décidé de faire par en bas ce qui est dans de nombreux pays la condition pour un accord collectif : un vote sur la proposition des patrons. Même si ceci ne changera plus rien au résultat, il s’agit, premièrement, de montrer que la démocratie est possible, aussi dans les syndicats autrichiens, et deuxièmement, de savoir comment les collègues eux-mêmes jugent cet accord. Les résultats qui existent jusqu’alors refusent l’accord avec des majorités claires de 75% à 90%. L’approbation de l’accord se situe partout en-dessous de 10%. Sur la base de ces résultats, une discussion plus que critique sur la stratégie des syndicats qui ont négocié cet accord devra avoir lieu.

Pendant des semaines, le gouvernement a prétendu que des manifestations et rassemblements étaient interdits dans le cadre des mesures pour combattre la pandémie. Sous la pression de nombreuses prises de position juridiques, elle a maintenant dû reconnaître que cela n’est pas le cas et voulait faire passer en urgence, peu avant le 1er mai, une nouvelle loi qui aurait permis aux autorités de police de décider qui a le droit de participer à des rassemblements et qui ne l’a pas. Exceptionnellement, l’opposition a empêché une session de la deuxième chambre parlementaire, le Conseil fédéral, avant le 1er mai, de sorte que cette nouvelle loi ne peut entrer en vigueur qu’après. Ainsi, dans plusieurs villes, des rassemblements et manifestations ont été annoncées. Certains organisateurs ont choisi la stratégie de ne pas seulement déclarer un seul rassemblement mais plusieurs puisque pour le moment, il est interdit que plus de 10 personnes se rassemblent dans l’espace public. En tant que Sociaux-Démocrates et syndicalistes contre la politique d’état d’urgence nous avons décidé de faire front à la position lâche de la direction du parti et du syndicat et avons fait, comme pendant les temps des deux régimes fascistes (l’Austrofascime et le nazisme, NdT), une « promenade » sur le Ring (la grande artère autour du centre-ville de Vienne, NdT) – clairement identifiables avec nos gilets, pour rejoindre ensuite une manifestation devant la mairie de Vienne.

C’est là que se tient chaque année le rassemblement final de la manifestation du premier mai du SPÖ (parti social-démocrate autrichien) de Vienne avec des dizaines de milliers et parfois plus de 100 000 participants. La direction du parti pensait que le gouvernement allait nous montrer du doigt si nous ne manifestions pas que virtuellement le 1er mai. Mais nombreux étaient ceux qui attendaient un signe en faveur de leurs aspirations. Les collègues qui doivent, tous les jours, dans l’entreprise, dans un espace réduit, risquer leur santé ne comprennent pas pourquoi „leur parti“ a renoncé à une manifestation dans l’espace public qui contient bien moins de risques de contagion que leur lieu de travail. Pour ces collègues, il est clair que la crise économique mènera à des luttes massives autour de la question de la répartition des richesses, qui poseront ensemble avec la pandémie de manière objective la question qui existe depuis un siècle, « socialisme ou barbarie », question qui, depuis longtemps, n’a pas été posée de manière aussi claire.

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