Ainsi meurt un parti!* Remarques au sujet des élections législatives, dans une perspective social-démocrate

Ende November fand in Paris das zweite Treffen des internationalen Verbindungskomitees statt, an dem wir teilnahmen. Für die vorbereitende Diskussion haben wir den folgenden Beitrag geleistet, der sich mit der aktuellen politischen Situation in Österreich und insbes. dem Ergebnis der Nationalratswahlen bschäftigt. Für alle, die nicht Französisch können: Große Teile davon finden sich in diesem Text.

Les élections ont eu lieu, les résultats ne sont pas très étonnants. Le bloc bourgeois des partis ÖVP et FPÖLesung aus Jura Soyfers "So starb eine Partei" est légèrement affaibli, mais néanmoins capable de poursuivre l’attaque frontale contre la classe ouvrière autrichienne. Le SPÖ a obtenu son plus mauvais résultat de toute la 2e République, les Verts ont fêté un retour fulgurant, ce qui est aussi lié à la catastrophe climatique qui menace et à laquelle aucun parti n’a pu donner de réponse crédible jusqu’alors. Les Verts profitent donc de leur image de parti de l’environnement, image construite sur des années.

Quelle coalition existera demain, personne ne le sait. D’un point de vue du capital une continuation du gouvernement NoirBleu (NdT : des couleurs traditionnellement associées aux partis : Noir pour le « parti populaire » de droite traditionnelle ÖVP et Bleu pour le parti d’extrême droite FPÖ). Pour des raisons tactiques (partenaire de coalition plus faible, bonnes expériences avec des Verts complaisants dans quelques Länder) et compte tenu du discrédit qui frappe le FPÖ dans de larges couches de la population à cause de cas de (tentatives de) corruption, Kurz pourrait bien faire appel à l’option NoirVert.

Et qu’en est-il du SPÖ?

Comme si souvent au cours des dernières années, on discute de la tête de liste, de tensions internes, de la campagne électorale, du fait „que nous devons mieux communiquer maintenant“, mais non des véritables raisons de cette situation. Jusqu’alors, le parti n’a même pas réussi à trouver des mots clairs concernant une possible participation au gouvernement. Il est évident qu’il ne doit pas y avoir de coalition avec le ÖVP. Car pour cela, il faudrait trahir chacun de nos principes.

Malheureusement, nombreux sont ceux dans le parti qui ne s’orientent plus selon des principes mais uniquement en fonction du maintien au pouvoir. Mais même dans cette perspective, une participation au gouvernement serait suicidaire. Toute destruction supplémentaire de conquête sociale, toute nouvelle loi raciste auxquelles le SPÖ consentirait avec sa voix au parlement serait une pièce supplémentaire dans le puzzle du déclin visiblement inévitable de la social-démocratie autrichienne.

Un „continuons de la même manière“ est impossible, si nous ne voulons pas finir comme le PASOK en Grèce (qui aujourd’hui n’existe même plus sous ce nom) ou le PvDA aux Pays Bas ou, pire, que la social-démocratie en Italie qui n’existe plus du tout. Nombreux sont ceux qui parlent des exemples positifs des partis sociaux-démocrates en Espagne, au Portugal et en Grande Bretagne, qui ont réussi, par un virage à gauche, à stopper le déclin.

Que signifie cela pour les syndicats „rouges“?

Lors de la refondation du ÖGB (la centrale syndicale autrichienne) après 1945, trois niveaux d’action fondamentaux ont été fixés pour le mouvement syndical :
1. Le niveau des entreprises, où des délégués du personnel, des représentants du personnel et des conseillers de jeunes dans l’entreprise, sur place, agissent pour faire valoir les intérêts dans les domaines juridiques, économiques, sociaux et culturels, ensemble avec les salarié.e.s
2. Le niveau des branches, où se négocient avec les représentants des employeurs c’est à dire du capital, en tant que tels, les plus de 600 conventions collectives pour les différentes branches.

Les deux niveaux sont marqués depuis des décennies par le „partenariat social“, qui est actuellement remis en cause par le gouvernement NoirBleu et des fractions du capital, surtout par la confédération des employeurs. Ce partenariat social et une approche de la politique qui est surtout basée sur l’habileté à négocier et la capacité de trouver des compromis et moins sur le pouvoir de s’imposer propre aux salariés, ont conduit à camoufler les oppositions de classe face aux travailleurs et aussi aux syndicalistes. Les succès des années 60 à 80 sont détricotés depuis de nombreuses années par chaque gouvernement dans l’intérêt du capital et on assiste aussi à des expropriations froides de la classe ouvrière dans le cadre de la protection sociale, surtout dans le domaine de la santé.

3. Le travail de politique sociale au niveau national et international. Là, le travail de la Fraction de syndicalistes sociaux-démocrates, qui se comprennent comme partie importante du SPÖ, était coordonné et accordé avec le SPÖ. Avec un SPÖ qui s’affaiblit de plus en plus, la capacité des syndicats à se faire entendre baisse aussi dans le discours politique. Le retrait de ce niveau serait catastrophique pour les syndicats, car pour de nombreuses questions sociales essentielles comme par exemple la politique fiscale, la force syndicale est nécessaire pour imposer les intérêts des salariés au niveau national et international.

Comment continuer?

Avec une orientation plus à gauche on pourrait gagner en Autriche, de la même manière qu’au Portugal ou en Grande Bretagne, aussi bien des primo-électeurs que des jeunes électeurs ou alors des abstentionnistes qui, pour une bonne part, ne vont plus voter parce qu’il n’y a pas de parti qui leur offre une sortie de leur triste réalité de tous les jours.

Mais à la longue, cela ne suffira pas. Le parti a trop arrêté d’être un mouvement, de bouger, il s’est assis. Nous ne savons plus ce que c’est d’être à côté des hommes et des femmes et de combattre avec eux pour leurs intérêts et leurs besoins. Cela s’est y compris montré lors des manifestations de masse contre NoirBLeu, lors desquelles le SPÖ était à peine visible en tant que parti. Là où on engage l’action pour des thèmes de gauche se trouve l’environnement naturel d’un parti qui se comprend comme étant à gauche.

Mais la direction du parti ne comprend plus le SPÖ comme étant de gauche. On maintient trop, et avec de plus en plus d’artifices, l’illusion du partenariat social qui a pourtant été enterré depuis longtemps. On s’adonne trop à l’idée qu’il faut donner la priorité aux sites d’entreprises en Autriche, ce qui crée une division au sein de la classe ouvrière. Le parti se réfère trop à la nation plutôt qu’à la classe. Ceci est aussi apparu quand nous n’avons pas réussi, à nouveau, à formuler une revendication qui aurait dû être posée depuis longtemps : droit de vote pour tous ceux qui vivent dans ce pays, y travaillent et qui contribuent à cette société.

La direction du parti pense que le SPÖ est un „parti des couches moyennes et du centre politique“. Les deux conceptions sont des plus inconsistantes. Les couches moyennes ne sont rien d’autres qu’une construction statistique qui ne dit rien de la réalité sociale ou de la réalité de la vie de ceux qui sont mis dans cette case.

Doivent-ils travailler pour pouvoir vivre, devront-ils le faire dans le futur (les jeunes) ou devaient-ils le faire dans le passé (les retraité.e.s) ? Ou alors possèdent-ils suffisamment de richesse pour pouvoir en vivre ? C’est une question qui permet de se prononcer sur la division réelle dans notre société. Celle-ci continue à se diviser en capital et travail. Leurs intérêts ne peuvent être plus irréconciliables. Le capital veut extorquer le maximum de notre travail pour faire autant de profit que possible. Nous par contre voulons une bonne vie pour tous.

En un mot : Quiconque veut empêcher les partis de droite d’accéder durablement au pouvoir pour faire face aux crises du capitalisme (telles que la crise actuelle avec les taux de profit que la classe possédante considère encore trop bas après 2008) doit avoir pour objectif de reléguer ce système inhumain dans les livres d’histoire.

Une politique de centre, c’est exactement le contraire. Elle peut, pour ainsi dire, être conduite plus ou moins automatiquement entre ce qui est à gauche et ce qui est à droite. Aujourd’hui il n’y a pratiquement plus de politique de gauche en Autriche. La conséquence en est qu’une politique de centre penche plutôt vraiment à droite. Depuis longtemps déjà la politique du parti penche du côté de la bourgeoisie. Cela se reflète aussi dans le fait que nous ne soulevons plus de débats politiques, mais que nous attendons de voir ce que le sauveur suprême à la tête du parti nous apportera.

Revenons ici sur la question „Il nous faut juste mieux communiquer“. La façon dont une chose est communiquée dépend d’abord et avant tout de ce qu’on veut communiquer. En effet ce sujet est à peine abordé. Le fait est que nous ne pouvons pas faire passer un sac poubelle pour un sac de luxe. Nombreux sont ceux qui ne le voulaient pas (ou plus). Nous avons donc à nouveau besoin de contenus dans lesquels la communication joue pleinement son rôle.

En même temps on constate dans les grandes organisations „rouges“ certains manquements à l’exercice démocratique. Cela se traduit par un contrôle permanent, où les espaces de décision sont aussi réduits que possible et où les discussions ne servent souvent plus que de prétextes pour couvrir et approuver une question déjà tranchée. La demande de discipline de parti est souvent exigée et les organisations ne sont pas enclines à discuter des questions de structures et d’activités, elles poursuivent l’élaboration de politiques à mener POUR le peuple et non AVEC le peuple. Les décisions politiques sont prises dans de petits cercles, surtout masculins, excluant de la discussion les adhérents en tant que force politique.

Retour aux sources

Tant que nous n’avons pas de bon programme, peu importe qui est à la tête du parti. Trop souvent, les débats qu’il est urgent de mener sur le contenu ont été interrompus par des changements de personnes. Cela montre clairement que depuis de nombreuses années nous sommes à côté de la plaque. Nous avons d’abord besoin d’un véritable programme social-démocrate, puis nous devons discuter de la manière dont nous pouvons le mettre en œuvre (par exemple sous la forme de programmes d’action) et créer de véritables structures internes au parti, capables d’impliquer l’ensemble des adhérents, de manière démocratique pour mener le combat pour la mise en œuvre de ces contenus. Ce n’est qu’à ce moment-là que le moment sera venu de discuter des personnes les plus aptes à remplir ces tâches. Il s’agit de créer une société où liberté et solidarité sociales sont imbriquées et ne reposent pas sur des principes antagonistes.

Voici quelques aspects de ce à quoi pourrait ressembler un programme véritablement social-démocrate :

  • Démocratisation du parti de bas en haut : les propositions dans le cadre des élections doivent venir de la base plutôt que d’en haut ; élection de tous les postes de direction importants par les adhérents ; abolition des administrateurs et remplacement des postes de présidents par des organes directeurs collégiaux.
  • Des congrès de parti avec de vraies décisions et une culture de débat démocratique, loin du spectacle qu’offrent les discours beaucoup trop nombreux et beaucoup trop longs de hauts fonctionnaires; suffisamment de temps pour mener des discussions de fond; votes sur les motions et non sur les propositions faites par les commissions; arrêt des changements de statut qui autorisent des instances situées au niveau supérieur à prendre en cas d’urgence des décisions qui relèvent en fait du niveau inférieur.
  • Lier les permanents et les porteurs de mandats à la réalité de la vie et à la volonté politique de leur base : limites maximales des revenus concernant jusqu’à la direction du parti; révocation à tout moment de tous les permanents et porteurs de mandats par la base du parti qui les a désignés ou nommés.
  • Arrêtons de nous laisser conduire par des schémas de pensées dominants et hégémoniques : battons-nous avec les gens au lieu de leur raconter de nouvelles ou encore meilleures histoires ou sornettes; reprenons nos concepts – nous ne représentons pas tout le monde, mais seulement la classe ouvrière; après tout, nous sommes un parti de la classe ouvrière.
  • Voici les principes politiques avant d’accéder au pouvoir: pas de coalitions avec des partis bourgeois, une politique basée sur nos valeurs fondamentales au lieu d’être guidée par des sondages d’opinion et des conseillers.
  • Faisons à nouveau de la politique selon nos valeurs fondamentales: liberté, égalité, justice, internationalisme, anticapitalisme et solidarité .
  • Concrètement : créons des idées pour une société plus juste, saine et démocratique. Retirons aux spéculateurs les logements et rendons les accessibles aux gens avec des loyers abordables. Redistribution de la richesse par le biais de l’impôt sur les successions et l’impôt sur la fortune de haut en bas. Élargissement des possibilités de participation à la vie de la société, par exemple dans les quartiers, par l’intermédiaire des conseils d‘ habitants. Renforcer les initiatives créatrices de nouveaux modes de vie. Occupons le débat sur le climat avec nos idées sur ce que signifie « avoir une bonne vie » et arrachons cette question des intérêts économiques du capital.
  • La gauche doit incarner une idée de renouveau et d’avenir.

Sociaux-Démocrats et syndicalistes contre la politique d’état d’urgence (Autriche)

* (NdT : allusion au titre de la pièce de théâtre inachevée de Jura Soyfer, de 1934 : « So starb eine Partei » /« Ainsi est mort un parti », dont le sujet est le déclin du parti social-démocrate autrichien au début des années 30)

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